mercredi 14 novembre 2012

2012 cross-country champs (CIS)




C'est terminé. 

Après plus de deux mois, la saison de cross-country vient de prendre fin. 

Il était temps. Pour le corps. Le corps qui commençait à me faire signe que je jouais avec la limite. Pas pour le moral. Pas pour le moral parce que l'équipe de cross-country du Rouge et Or, c'est une belle gang de tawouins avec qui j'adore m'entrainer.

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LA TRADITION. Les CIS, c'est une grosse institution. Et dans toute grosse institution (majoritairement anglaise, on va se le dire), il y a des traditions (des bonnes et des moins bonnes). Parmi les mauvaises, il y a celle de donner automatiquement le prix de l'entraineur de l'année à l'entraineur-chef de l'équipe gagnante. Parmi les bonnes, il y a le banquet...

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L'ÉQUIPE. En équipe, on s'entraine.  En équipe, on souffre.
En équipe, on fête la deuxième position des gars.

Or, contrairement aux sports d'équipe, la victoire dépend des performances individuelles... Parmi les sept coureurs aux Championnats canadiens, seulement cinq d'entre eux accumulent des points. Ta position, ton pointage. La plus petite somme l'emporte...
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L'OBJECTIF. Pour les Championnats canadiens, on ne demande rien de moins que la perfection de chacun. La veille de la course, Félix (le coach) nous rencontre pour s'assurer que nous avons une stratégie de course. Il nous présente les résultats de l'année précédente et nous situe parmi eux. Toutes les filles se donnent des objectifs de position. Moi, je refuse. Je tiens ma promesse : ne jamais me donner des objectifs sur lesquels je n'ai pas de contrôle. Alors, je me donne comme objectif de parcourir les 5km en 19:bas (19:00-19:15). Lors du Western Invitationnal en septembre, j'avais eu la chance d'essayer le parcours et j'avais fait 19:49. Six semaines plus tard, je me demandais donc de descendre mon temps de plus de 30 secondes. En équipe, l'objectif est de terminer dans les 10 premières universités sur 17...

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LA COMPÉTITION. La nervosité est à son apogée. Toute la matinée, je me visualise sur la ligne de départ, partir au son du fusil, puis black out. Le plus marrant, c'est que ça ressemble pas mal à ce qui se produit réellement...

Avant le départ, le cerveau pense à plein de trucs en même temps : le choix des éducatifs, le nombre d'accélérations, quand mettre les spikes, mettre des arm warmers ou non, répondre aux commentaires des autres, encourager ses coéquipières, etc. Bien que ce ne soit pas des décisions importantes, elles occupent notre esprit. 

Le cri d'équipe est bien plus important. C'est le premier moment où la nervosité s'évade. Le défoulement. La rage. L'intensité.

On se place sur la première ligne de départ. Chacune a la position qui lui revient selon les compétitions antérieures. Je suis en avant avec Sarah-Michèle et Laurence. La nervosité me fait frissonner. Les mains sont moites et froides.


POW ! SPRINT ! Voilà, le black out. J'ai l'impression que le cerveau ne travaille plus. Mais les yeux, eux, sont éveillés. Après 200m, il y a un virage serré à 90 degrés. Trop serré. C'est le chaos. Par où passer ? Comment passer ? Où mettent les pieds ? Ça va trop vite pour que j'aie conscience que le cerveau travaille. J'ai vraiment l'impression de réagir seulement par réflexe.

Une fois sortie du bouchon, le peloton commence déjà à s'étirer un peu, mais on demeure tout de même 4-5 filles de large. Qui est à côté de moi ? Des coéquipières ? Oui, Marie-Michèle. Des rivales québécoises de McGill ou de Sherbrooke ? J'observe. Je m'accroche. Par réflexe, toujours. Je reçois de solides coups de coude et j'en donne en retour. Par amour, t'sais. Pff.

La première moitié du parcours est ascendante. Une légère montée en plateaux au départ, puis deux bonnes côtes par la suite. Comme on est encore nombreuses en peloton et que la foule de spectateurs est considérable, ça passe très rapidement.

Je passe en 9:30 au chronomètre installé à la marque de 2,5km et c'est là que je réalise que ça va bientôt commencer à faire mal. La deuxième portion du parcours est vallonnée et majoritairement descendante. Facile ? Pas ma spécialité, disons.

Je ne me souviens pas beaucoup du reste de la course. Je ne me souviens même plus à quel moment j'ai dépassé officiellement Sarah-Michèle. Par contre, il y a une chose que je me souviens clairement, c'est d'avoir entendu Élise crier comme une débile à plusieurs reprises. Précisément, je me souviens qu'elle m'ait dit de kicker lorsqu'il me restait un peu plus de 300m. J'ai ri (intérieurement) parce que 300m de kick, c'est long.



Les derniers mètres sont difficiles physiquement, mais surtout psychologiquement. Je sais que chaque position compte pour l'équipe et que où j'en suis c'est chaque seconde. De loin, j'aperçois le chronomètre et, en plissant des yeux, je vois encore un 18... Je donne tout.



19:14 ! Objectif de temps tout juste atteint.
50e ! Beaucoup mieux que ma 95e position aux CIS 2010.
1ère ! Fille de Laval
5e ! Coureuse du Québec (alors que j'avais terminé 8e aux Provinciaux)
14e ! Équipe sur 17. Loin de notre objectif :( 

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LES REMERCIEMENTS.

À Félix, pour ses plans d'entrainement qui m'ont fait incroyablement progresser en si peu de temps.

À Sylvain, pour ses encouragements, son soutien et sa patience comme chauffeur.

À Élise, pour s'être détruite la gorge en nous encourageant et pour ses qualités de physiothérapeute.

À Christine, pour m'avoir permis de terminer une belle saison de cross-country malgré la blessure.

À Stéphanie, pour ses douloureux, mais efficaces massages.

À Olivier, pour m'avoir permis de laisser de côté le triathlon pour la course à pied.

À toute l'équipe de cross-country, pour la fierté, l'amitié et l'amour du sport.



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LE TRIATHLON. Une semaine de repos obligée puis je serai de retour comme triathlète à temps plein. Je m'ennuie du vélo et de la natation !!

lundi 5 novembre 2012

Provincial de cross-country 2012

Tous les meilleurs coureurs de cross-country de la province y étaient !! C'était le tant attendu provincial sur les plaines d'Abraham. Cette année, comble de la souffrance, le parcours comportait deux fois plus de côtes. Le vidéo suivant ne pourrait pas mieux vous le faire vivre.

Toutes les athlètes féminines (collégiales, universitaires et civiles) étaient sur la ligne de départ du 5km (2 boucles de 2,5km). Eh oui, ça fait beaucoup de monde ! Je me souvenais trop bien du dernier cross-country sur les plaines durant lequel je m'étais fait faire la sandwich dans les trente premiers mètres, alors j'étais déterminée à l'éviter cette fois.

Au son du fusil, pas de niaisage, je pars comme si je partais un 200m sur piste. Tant pis si je paye plus tard pour cet excès de vitesse. L'important, c'est que je réussis rapidement à bien me positionner dans le peloton de tête, mais les coups de coude au passage, en veux-tu, en voilà ! Si vous entendez des filles se plaindre des autres "vaches" qui donnent des coups de coude dans les départs de cross-country... j'en fais partie ! Et cette fille-là de McGill sur la photo aussi...

Le peloton de tête commence réellement à exploser au bas de la première descente. Pour la première montée de la côte de la tour Martello, on fait ce qu'on peut pour ne pas exploser davantage. Avec le nombre de spectateurs présents, c'est chose presque facile. Puis, les petits packs commencent à se former. Je me retrouve avec Sarah-Michèle et deux filles de McGill. Toutes des filles qui me battent normalement. Il faut donc que je m'accroche. Dans les montées de côtes, ça s'étire un peu, mais dès qu'on retrouve du plat, on se retrouve toutes collées.

À Fredericton, j'avais tout juste réussi à demeurer près d'elles pour la première moitié du parcours, soit environ 2,5km. Sur mon terrain d'entrainement, les choses sont un peu plus en ma faveur. Surtout quand Evelyne Blouin est sur place pour encourager. Je l'entends encore me crier : "T'es donc bin su'a coche, Caro, awaille !". Merci, Ève, pour tous tes encouragements. Je t'ai vu partout durant la course et c'était vraiment motivant.

Soooo, je réussis à m'accrocher plus de 4km, soit jusqu'à ce que la puissance pour monter les dernières côtes commencent à manquer. J'ai l'impression qu'elles survolent les dernières côtes et que je les grimpent à genoux. Je ne comprends pas que j'aie été capable de les monter avec elles lors de la première boucle. Or, je me rends compte que d'autres peinent encore plus que moi, puisque je vois apparaître Joanie Roy tout juste devant. Habituellement, Joanie me met un bon 2min d'avance sur un 5km sur route. J'avoue, j'étais un peu ébahie. Ça me donne un deuxième souffle ! Lequel ne sera pas suffisant pour la déclasser, mais il m'aura permis de finir relativement fort.

Finalement, je termine 8e athlète universitaire (19:30). Je manque l'équipe étoile d'une position (2sec) !!! ARGGG !! Sans rancune. Ni regret. Je suis plus que satisfaite de cette quatrième compétition d'autant plus que je ne sentais pas que mes jambes étaient aussi lousses qu'aux compétitions précédentes. J'espère que le repos, les bons repas, les massages et les traitements de physio sauront me reforger une bonne confiance pour les Championnats canadiens qui ont lieu le samedi 10 novembre à London en Ontario. À suivre...

Merci à Benoît Didier et Michel Arnautovitch pour les superbes (et nombreuses!) photos.