Première semaine d'école difficile. Des journées bien remplies qui commencent à 6h30 et qui se terminent rarement avant 19h30. Le pire dans tout ça, c'est que je ne me suis pas entrainée de la semaine (faux ! J'ai triché deux fois mercredi). Dans le cadre d'un de mes cours, je devais écrire un récit de parcours qui devrait intéresser la plupart d'entre vous. Combien de fois m'avez-vous demandé les raisons pour lesquelles j'ai choisi l'enseignement des mathématiques au secondaire ? Eh bien, jeudi, j'ai du répondre à cette question sur deux pages. Vous savez que j'ai maintenant décidé de changer pour la physiothérapie, mais le travail valait 10% alors je me suis quand même forcée à écrire quelque chose de bien. Très bien même ! Un 10/10 !
Récit de parcours, apprentissage et cognition
Mes parents me disaient toujours à propos des années passées à l’école secondaire que ce sont les plus belles années. Je les ai crus et je les crois encore. J’aimais aller à école pour apprendre, pour voir mes amis, pour écouter et observer ces savants professeurs puis pour pratiquer différents sports. Je n’étais pas particulièrement passionnée des mathématiques, mais c’était probablement la matière dans laquelle je m’investissais le plus. Je n’étais pas une grande studieuse, mais j’avais un minimum de succès dans mes études. Bref, il n’y avait pas d’entrave à l’atteinte de mon bonheur. Or, j’avais une amie, Annie (nom fictif), qui connaissait énormément de difficultés à l’école. Elle pouvait passer des dizaines d’heures à étudier sans atteindre l’ombre du succès de mes autres amies et de moi-même. Il y a trois ans, alors que j’étais au cégep, Annie m’a avoué qu’elle avait passé cinq années misérables à l’école secondaire. Je pense que ce fut la révélation qui m’a ouvert l’esprit à la profession d’enseignant. À partir de ce moment-là, je me suis mise à questionner l’école secondaire du Québec : son fondement, son but, ses méthodes, ses failles, ses forces, etc. Puis, je me suis mise à désirer un changement.
Quand j’ai terminé mes études à l’école secondaire, je n’avais aucune idée dans quel domaine m’orienter. J’étais certaine de deux choses : je voulais apprendre l’anglais rapidement et vivre une expérience différente de mes amis qui cheminaient tous au cégep. Alors, je me suis inscrite à un échange étudiant en Nouvelle-Zélande. Là-bas, j’allais dans une nouvelle école avec un nouveau système d’éducation et de nouvelles méthodes d’enseignement. J’étais obligée de me rendre à mes cours, mais je n’étais pas forcée de remettre les travaux scolaires ou de compléter les examens. De mon plein gré, je les faisais quand même. Les néo-zélandais de mon âge ne comprenaient pas pourquoi j’appréciais les heures de cours et que je m’entêtais à réaliser les travaux pratiques. Je le faisais parce que j’aimais ma nouvelle école, mon nouveau système d’éducation et les méthodes d’enseignement de mes nouveaux professeurs. Un an plus tard, lorsqu’Annie m’a confié sa haine pour notre ancienne école, je lui ai parlé de Cambridge High School et ça l’a inspiré.
Je suis une fille travaillante. Je bouge tout le temps, j’ai de l’énergie à revendre et j’ai le sourire éternel. J’aime voyager, débattre, essayer des trucs impossibles, ressentir des émotions fortes et m’entraîner intensivement. Par dessus-tout, je suis convaincue que ma personnalité explosive pourrait motiver plusieurs jeunes et soutenir ceux qui ont déjà le vent dans les voiles. Étonnant ou non, de tous les enseignants que j’ai côtoyés, je me souviens surtout des plus extravagants ou passionnés : mon professeur d’anglais qui a fait le tour des États-Unis en autobus, mon professeur d’économie qui se dit l’amant de Georges W. Bush fils, mon professeur de mathématiques de secondaire trois qui était encore disponible pour répondre à mes questions lorsque j’étais en secondaire cinq, mon professeur d’espagnol qui est l’entraineur d’une équipe de soccer et mon professeur de géographie avec qui je pouvais débattre des sujets d’actualité. Je ne me souviens plus ce qu’ils m’ont précisément enseigné, mais ils ont tous, d’une manière ou d’une autre, définitivement contribué à développer mon esprit critique.
L’espagnol, c’est nécessaire pour voyager ou pour ceux qui transigent à l’international. L’anglais, je ne le parle pas assez bien pour l’enseigner. Le français, c’est bien trop ennuyant. La musique, je suis nulle. La géographie et l’histoire sont possiblement les cours que j’aime le moins. Les sciences, c’est chouette, mais elles manquent de concret au quotidien. L’éducation physique, je préfère coacher de manière approfondie un sport que j’aime que de leur apprendre les bases de plusieurs sports pendant seulement deux mois. Les mathématiques, c’est ce qu’on utilise au quotidien, souvent inconsciemment, pour communiquer et avancer dans la vie. Puis, moi, mes élèves, je veux qu’ils foncent dans la vie.
Ainsi, Annie m’a fait prendre conscience de certaines lacunes du système d’éducation québécois. Mon année scolaire à l’étranger m’a fait découvrir un programme d’études différent avec ses bons côtés qui mériteraient d’être intégrés au programme d’études québécois à l’enseignement secondaire. Mes anciens professeurs, par leur personnalité et leurs conseils, m’ont aidé à me forger une identité. Enfin, les mathématiques, c’est la matière qui me stimule le plus. Pour ces raisons, entre autres, aujourd’hui, je choisis d’enseigner les mathématiques au secondaire.
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