"Dans quoi est-ce que je me suis embarquée?" Me suis-je demandée alors que je parcourais les collines de Charlevoix dimanche dernier. Sapristi, dans un Grand Prix cycliste ! Vous savez, le même genre de truc que le Tour de France, mais sur seulement deux jours au lieu de trois semaines (un petit 100km au lieu de 3600km). Pfff, y'a rien là alors !?! Ouin...
CONTRE-LA-MONTRE
Je suis "indépendante", c'est-à-dire que je ne suis pas là pour courser pour quelqu'un, je viens pour moi, je compétitionne contre moi-même. Je suis aussi une sans-nom ( l'équipe Lemmon alu !? une vielle équipe, elle n'existe plus, donc je suis une vétérante, une vraie de vraie... euhh débutante !) et une sans-papier parce qu'il faut que je me procure une licence d'un jour. Ça, personne pouvait le savoir. Eugé me le rappelle souvent, il faut "avoir l'air" dans le monde cycliste, alors moins de 30min avant mon départ, j'enfourche déjà mon vélo pour m'échauffer, hum, pour parader, je veux dire. "Mesdames et Messieurs, tous vêtus de rose, voici l'équipe Rocky Mountain". Les uns avec leur roue pleine, les autres avec leurs manches longues et leur casque aéro. Certains maitres (plein de $$$) ont le package deal. Il y en a même un avec un one piece !!!
Ishh que celui-là était affreux. Mon vélo, fier de porter pour la première fois de sa pauvre carrière deux belles roues bleus Easton profilées, avait presque l'impression d'être à sa place. Or, comme il est têtu et surtout orgueilleux, il s'est dit qu'il allait en profiter pour se faire un nom justement. D'abord, en demeurant en équilibre (arggg clumsy Caro) alors qu'un jeune homme le tient par la selle. 9:37:00, c'est un départ ! ALL OUT ! Evelyne me dépasse après 4.8km alors qu'elle partait 30 sec derrière moi. Shame. 6km plus loin, celle qui partait une minute derrière moi me dépasse aussi. Shame bis. 13ekm, vous aurez compris, shame bis bis . Finalement, je finis par passer la ligne d'arrivée moi aussi. 3min42 derrière la première senior femme, en 17e position sur 24. Ahhh pas siiii mal après tout. One down !
CRITÉRIUM
On me raconte à quel point c'est le plus difficile, le plus dangereux, le plus technique, le plussssss PIRE. Je change de roues, je n'ai pas les moyens de briser les belles Easton si je tombe. Sur la ligne de départ, je brûle déjà beaucoup trop d'énergie. J'ai tous les membres qui tremblent, j'ai les larmes aux yeux, j'ai peur. C'est ce qui arrive quand on me raconte autant d'histoires d'horreur. Au moins, il y a Coach Isa qui a fait le parcours de 1km avec moi plus tôt et m'a donné quelques conseils : "ici, ça monte légèrement, profites-en (check!). Reste dans tes drops (check!). Garde toujours ta ligne dans les virages (check!). Reste en avant pour éviter l'élastique(je l'ai oublié le temps de deux tours et j'ai vite compris qu'il fallait que je bouge, donc check again !)." Résultat ? Je termine dans le groupe chase à seulement 27sec du peleton. Joie ! Jusqu'au moment où j'apprends qu'il fallait que je signe la liste de présence avant la course et que je risquais d'être disqualifiée pour ne pas l'avoir signé. Explosion d'émotions ! Heureusement, Coach Isa et excellent supporteur Joel (qui est arrivé 2e dans le critérium et qui mérite une étoile pour l'échappé au deuxième tour) réussissent à convaincre la commissaire de ne pas me disqualifier. Joie !
S'en est suivi d'un succulent souper chez JP, mais la fatigue me cloue le bec plus que jamais. La tête ne tient plus toute seule. Je pense que Tom a pitié de moi, alors on fini par quitter la gang pour le chalet d'Antoine où l'on passait la nuit. Je n'étais pas d'humeur à apprécier l'endroit ce soir-là, mais à 6h30, lorsque je me suis réveillée, que j'ai enfilé mon coton-ouaté et que je suis allée lire Ben Hur sur le balcon, j'ai remercié le bon Dieu d'Israel que Balthazar aime tant. Un classique (le livre ), mais la situation aussi: soleil levant, terres agricoles québécoises à perte de vue, petit chalet de bois rond, une femme (matinale comme toujours), silence ( "que la paix soit avec vous", disaient les juifs) et, bien sûr, Molly, le chien d'Antoine.
COURSE SUR ROUTE
Fini le Romanesque, c'est le commencement de la Misère. À toute vitesse, je dévore quatre toasts au beurre de peanut, je remplis mon jersey de gels et mes bidons d'eau et de gatorade. Je réinstalle les roues d'Eugé sur mon vélo puisqu'elles sont plus légères que les miennes ( à défaut de maigrir ). Je SIGNE LA FOUTU feuille de présence. Patience. Le départ est en pack. Sur les 20 premiers kilomètres, nous sommes au moins une soixantaine à rouler collés serrés. Pour une triathlète comme moi, ce n'est pas évident. J'essaie d'aller le plus en avant possible, mais je ne sais pas par où passer. Je vois que la meilleure façon semble être par l'extérieur, mais je suis prise au milieu. Ça roule doucement, entre 30 et 40km/h parce que nous savons tous ce qui s'en vient. Je l'avais dit, j'avais une stratégie: passer la première butte avec le peleton de tête. Eh bien, comme premier objectif, ce fut un succès. Ça m'a donné confiance et j'ai continué à m'accrocher pour encore quelques buttes, mais il y a en a une qui m'a fait plus mal que les autres et j'ai été larguée. C'est tellement frustrant parce qu'il a suffit que je me distance d'à peine cinq mètres, que je ne puisse plus profiter d'aucune draft pour mettre fin à mes espoirs les plus grands. Finalement, il y a une fille qui a déraillé dans une autre butte plus loin, une fille qui était tout de même 4e au classement général avant la course sur route et donc je me suis mise à travailler avec elle, et ce, jusqu'à ce qu'il nous reste moins de cinq kilomètres. En fait, nous avons rattrapé deux autres filles et avons donc travaillé à quatre. Je croyais que les filles seraient plus bitchs entre elles, mais à ma grande surprise, ce fut un vrai travail d'équipe. La misère a mieux passé que je l'apréhendais. Les deux derniers kilomètres se faisaient sur un faux plat montant qui m'avantageait alors j'ai tout donné ce qui me restait pour ENFIN terminer 13e à 11min de la première. Au grand total, j'ai terminé 14e à 14:59 de la première. Thumbs up !
Quel beau défi. Je suis fière de moi. Ça me donne un peu plus confiance en vélo, discipline dans laquelle j'ai toujours été plus faible en triathlon. Malgré toute la misère que le GP m'a apportée, elle n'arrive pas à la cheville de celle que m'avait apporté le marathon d'Ottawa exactement un an plus tôt.
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